PAHLOU, Le pédagogue (1ère partie)

Nous publions une Lettre de 8 pages manuscrites de Gaby BENOIT.

Pour des raisons de lecture et de compréhension et vu l’importance 38400 octets et 2768 mots, nous devons la présenter sous forme d'épisodes (la parution sera donc hebdomadaire).

PAHLOU, LE PEDAGOGUE

1ère Partie

Je me suis toujours demandé pourquoi Sermizelles avait tant marqué la majorité de ceux qui y ont participé. Je prends bien soin d’utiliser le mot majorité car il est vrai qu’un certain nombre de Moniteurs et de Colons n’y ont pas retrouvé leur compte.
Il faut admettre que tout système pédagogique à ses limites et Sermizelles a eu les siennes. Il est des enfants qui dans un cadre très libre se sentent très insécurisés.

Je me souviens que parfois après les réunions du soir avec Pahlou certains moniteurs rentraient dans leur chambre complètement démoralisés. C’était le moment pour Pahlou de recadrer les interventions de chacun dans son groupe, ce qui ne se faisait pas sans douleurs.
Au cours de nos rencontres certaines personnes qui n’ont pas connu la colonie pensent que nous enjolivions et mystifions le rôle de Pahlou. Il a même été fait allusion à une réunion des « Anciens combattants », je suis sûr que certains qui ont été très marqués par leur participation à cette colonie n’ont pas échappé à cet accueil. J’espère y avoir échappé dans la mesure ou la profession d’éducateur que j’ai exercée pendant plus de vingt cinq ans exige de nous une remise en cause et une introspection constante de nos attitudes. C’est le « connais-toi, toi-même » de Socrate indispensable à toute démarche pédagogique.
Qu’il y ait eu des moniteurs et des colons qui n’aient pas du tout apprécié l’ambiance de cette colonie cela ne peut être mis en doute ! Certains l’ont même fait savoir pour expliquer leur non-participation à nos rencontres. A Sermizelles comme dans toute colonie certains Moniteurs ont peut-être posé des actes répréhensibles. Si ces faits venaient à la connaissance de Pahlou, ils étaient traités avec la plus grande sévérité.
Lors de mes participations personnelles, je n’ai jamais entendu parler que de tels faits se soient produits!

D’ailleurs, je pense qu’une seule colonie suffisait à certains qui supportaient mal l’ambiance et le niveau d’exigence pédagogique. Ils préféraient ne pas renouveler une expérience qu’ils avaient trouvée dure à vivre sur le plan psychologique. Mais ce qu’il faut noter aussi c’est que la première session passée, ceux qui revenaient, rempilaient souvent pour plusieurs sessions.
Le rôle des colonies de vacances consistait à encadrer et occuper les enfants. On parlait très peu d’une dimension pédagogique. C’est là la différence fondamentale avec Sermizelles ;

Moi qui ultérieurement comme chef de service d’un placement familial spécialisé avait pour objectif d’inscrire nos jeunes dans les camps de vacances pour apprécier leur niveau d’intégration dans les structures non protégées de la société, j’ai rencontré plus d’une déception.
A plusieurs reprises nous avons du rechercher ces jeunes qui étaient renvoyés suite à des actes sans grande gravité mais souvent suite à des atteintes à l’autorité.
A Sermizelles ce genre d’incident était traité par l’équipe d’encadrement et il n’y avait pas de renvoi du colon en catastrophe, c’est sans nul doute ce qui explique le nombre impressionnant de Moniteurs qui se sont orientés vers la rééducation ou l’animation des clubs de jeunes. Je ne donnerai pas la liste de peur d’en oublier.
La participation à cette colonie était une excellente préparation pour s’orienter vers ces professions.

(à suivre)

Amitiés à Tous
Fait à Montélimar le 10 mars 2010
Gaby BENOIT

L'auteur attend des réactions et des commentaires (on lui fera parvenir).
Ceux qui souhaitent disposer du texte complet, peuvent en faire la demande à Roger, sinon la suite au prochain numéro, ...