Depuis environ un siècle, les historiens de la poésie épique cherchent à démêler le vrai et le faux – l’histoire et la légende.
Durant l'époque romantique, on pensait que ces textes populaires, nés avec des évènements importants, les relataient avec une grande part de vérité.
Mais, au début du XXe siècle, la conception de ces légendes nées sur les chemins de pèlerinage, « miraculeusement » accrochées à l' Histoire grâce à la présence de quelques tombeaux ou de quelques reliques illustres, a perdu son pouvoir d'explication quand quelques historiens voulurent la « décortiquer » pour y voir clair. Et, comme les interprétations des rapports entre histoire, épopées et légendes pieuses, ne sont pas en nombre illimité, il vient un moment où, sur un cas particulièrement bien choisi, la ventilation (et la lumière) se fait.
C’est le fruit du travail magistral que René Louis a mené sur les chansons de geste dont le héros dérive plus ou moins de Girart, comte de Vienne.
Deux mots sur René Louis :
Historien, philologue, archéologue et universitaire, René Louis a enseigné l’histoire littéraire du Moyen Age de 1941 à 1977. Sa réputation de médiéviste remonte à l’année 1927, où, étant encore élève d’Henri Focillon à la Sorbonne, il découvrit, à Auxerre, sa ville natale, l’ensemble (unique en France) des fresques carolingiennes des cryptes de Saint-Germain, peintes entre 841 et 859.
Les ruines qu’il mit à jour à Saint-Père, aux Fontaines-Salées, à partir de 1934, le furent grâce à une tradition légendaire conservée sous une forme littéraire.
Selon l'une des plus célèbres chansons de geste du Moyen Age, celle de Girard de Roussillon, fondateur * des abbayes de Vézelay et de Pothières (Bourgogne, Côte-d’Or, région de Montbard), une bataille se serait déroulée en un lieu décrit avec précision et portant le nom de Vaubeton. Le poète parlait aussi d'une ruine ancienne, dite "Le Perron". Mais le lieu de cette bataille demeura longtemps inconnu.
A la fin du XIXème siècle, on pensa avoir trouvé l’endroit près de Vézelay, sur un petit chemin qui mène à Pierre-Perthuis. Plus exactement entre foissy les Vézelay et Pierre-Perthuis.
La tradition locale avait conservé trace d'un très ancien massacre : ainsi, un chemin s'appelait le "Martrat", c'est à dire chemin des martyrs, un champ portait le nom de « la grotte Sang », ce qui signifie « ruisseau de sang ».
Une roche, sur le lieu de la bataille mythique de Vaubeton, portait le nom de Poron. Il s'agissait à n’en pas douter d'une altération de Perron.
René Louis, qui a réuni les éléments préliminaires de la recherche, décide d'entreprendre des fouilles. A quelques mètres du Poron apparaissent bientôt les soubassements de la ruine légendaire. On touche au but !
Mais il ne s'agit pas d'un château, mais des vestiges d'un vaste ensemble gallo-romain, qui s'étend sur plus de 500 mètres de longueur et qui comprend notamment un établissement thermal installé sur les sources des Fontaines Salées.
La légende médiévale s'est donc greffée sur une réalité plus ancienne.
Vous avez dit … bizarre ?
* Suite à la prochaine.
Bises à toutes et à tous.
JM.
Merci JM de tes recherches historiques. Tu es vraiement un artiste dans ce domaine et dans bien d'autres d'ailleurs. Continu à nous alimenter de tes connaissances. Encore merci.
RépondreSupprimerFormidable Jean-Mi, ce M. René LOUIS Historien- Archéologue a du connaître France Le Turnier qui je crois à participer à la fouille des Fontaines salées (autre lieu de prédilection de la colonie). Comme Richard, je trouve tes récits très intéressants et nous en redemandons!
RépondreSupprimerBonne nuit,
Roger