Nous publions la suite de la Lettre de 8 pages manuscrites de Gaby BENOIT
(Lien vers la : 1ère partie; Lien vers la : 2ème partie; Lien vers la : 3ème partie)
Pour des raisons de lecture et de compréhension et vu l’importance 38400 octets et 2768 mots, nous devons la présenter sous forme d'épisodes (la parution sera donc hebdomadaire).
PAHLOU, LE PEDAGOGUE
4ème Partie
Ce que je retiens de Sermizelles, c’est que l’ambiance nous donnait envie de tenter toutes les expériences qui se présentaient.
Je suis convaincu que c’est à Sermizelles que j’ai contracté le virus de la spéléologie grâce aux récits enthousiastes qui étaient faits au retour des camps. C’est comme cela que je suis devenu diplômé d’état de cette discipline.
Les ateliers qui étaient proposés à la colonie étaient ouverts à tout le monde ce qui créait une impression de très grande liberté. Une telle organisation permettait à un enfant qui ne sentait pas à l’aise dans son groupe de pouvoir trouver son compte auprès d’autres moniteurs. Je vois encore Pahlou donnant l’impression d’être ailleurs mais observant continuellement ce qui se passait. Il avait l’art et la manière de repérer le colon qui n’avait pas le moral. Celui qui ne se sentait pas bien dans son groupe. Celui aussi qui s’isolait. Il avait alors une conversation avec les Moniteurs et les aidait à décoder ces comportements et suggérait des réponses à apporter.
Dans d’autres colonies où je suis intervenu jamais je n’ai perçu cette dimension pédagogique, ce souci de prendre en compte tous les enfants dans leur vécu quotidien.
A Sermizelles, les activités extérieures étaient proposées par un groupe dont les moniteurs avaient aux yeux de Pahlou les compétences et l’expérience requise. Je n’ai pas souvenir que le groupe se constituait autour de l’activité. Je pense que cela devait freiner toute dérive élitiste. En tout cas dans notre groupe, jamais un colon n’a été sollicité pour participer à l’activité d’un autre groupe. Je veux bien qu’on me démente sur ce point car peut être que mes souvenirs se sont un peu émoussés depuis le temps. Mais peut être que ces pratiques ont existé au niveau des groupes ado.
Autre aspect qui m’a beaucoup marqué, il faut souhaiter que chaque groupe restitue à la collectivité la richesse de ses expériences sous la forme de communications ou d’exposition photos. Cela contribuait à créer une saine émulation dans la colonie.
Dans le même esprit je citerai les veillées « chorales » que nous n’aurions manqué sous aucun prétexte et qui participait à la cohésion du groupe. C’était l’occasion pour Pahlou de faire passer des messages et de procéder à des mises au point et cela dans une ambiance parfois ludique et théâtrale. Etre exclu de cette veillée était perçue par un colon comme une sanction suprême, heureusement Pahlou n’y avait pas souvent recours.
La grande originalité de Sermizelles était d’être ouvert vers l’extérieur Pahlou ne ratait pas une occasion d’ouvrir des portes pour enrichir les activités. Je me rappelle cet étudiant en architecture que Pahlou avait pris en stop et qui avait fait découvrir ultérieurement les charpentes de la basilique de Vézelay à un groupe d’adolescents. Egalement ses contacts avec Leroy-Gourhan sur ces recherches préhistoriques et archéologiques sur le site des grottes d’Arcy sur Cure. Tous ces contacts étaient riches en enseignements et contribuaient à une très grande ouverture d’esprit pour chacun des participants.
Je ne connais pas la formation de Pahlou, j’ai cru comprendre qu’elle fut universitaire, mais ce dont je suis convaincu c’est qu’il a partagé les mêmes objectifs que Freynet. Tout dans la vie quotidienne ouvrait à "enquête" et c’est en partant du vécu que les élèves appréhendaient le monde.
Une telle expérience qui nous a tant marqués n’a pu être menée à bien que grâce aux qualités pédagogiques de Pahlou et de l’encadrement qu’il avait su réunir. Pahlou pouvait compter sur un groupe relativement important de moniteurs "fidèles" qui revenaient parfois pendant plusieurs années, cela aussi était un gage de qualité pour l’action éducative.
J’ai connu Pahlou comme directeur de Sermizelles mais j’ai eu la chance d’être accueilli à plusieurs reprises dans sa famille à Mayenne. Je tiens à témoigner à Coq et à ses enfants tout le bien que ses visites m’ont prodigué. Chacun sait que Pahlou en Mayenne était professeur des écoles. Lors de ces rencontres, j’ai pu voir l’influence qu’il exerçait sur ces élèves, exactement comme celle …à Sermizelles et qui explique que nous nous retrouvions si nombreux après cinquante ans. Il animait un club de Canoë-kayak, or bon nombre de ses élèves n’en avait pas assez de l’avoir sur le dos pendant les jours de classe, ils en redemandaient le mercredi après-midi !
Pahlou développait autour de lui une telle aura, qu’il ne laissait personne indifférent. J’étais impressionné par l’étendue et la diversité de sa culture que ce soit en littérature, en philosophie, en musique, en sciences sociales. C’était un véritable plaisir d’échanger avec lui.
(à suivre : dernier épisode la semaine prochaine)
Amitiés à Tous
Fait à Montélimar le 10 mars 2010
Gaby BENOIT
L'auteur attend des réactions et des commentaires (on lui fera parvenir).
Ceux qui souhaitent disposer du texte complet, peuvent en faire la demande à Roger, sinon la suite au prochain numéro, ...
(Lien vers la : 1ère partie; Lien vers la : 2ème partie; Lien vers la : 3ème partie)
Pour des raisons de lecture et de compréhension et vu l’importance 38400 octets et 2768 mots, nous devons la présenter sous forme d'épisodes (la parution sera donc hebdomadaire).
PAHLOU, LE PEDAGOGUE
4ème Partie
Ce que je retiens de Sermizelles, c’est que l’ambiance nous donnait envie de tenter toutes les expériences qui se présentaient.
Je suis convaincu que c’est à Sermizelles que j’ai contracté le virus de la spéléologie grâce aux récits enthousiastes qui étaient faits au retour des camps. C’est comme cela que je suis devenu diplômé d’état de cette discipline.
Les ateliers qui étaient proposés à la colonie étaient ouverts à tout le monde ce qui créait une impression de très grande liberté. Une telle organisation permettait à un enfant qui ne sentait pas à l’aise dans son groupe de pouvoir trouver son compte auprès d’autres moniteurs. Je vois encore Pahlou donnant l’impression d’être ailleurs mais observant continuellement ce qui se passait. Il avait l’art et la manière de repérer le colon qui n’avait pas le moral. Celui qui ne se sentait pas bien dans son groupe. Celui aussi qui s’isolait. Il avait alors une conversation avec les Moniteurs et les aidait à décoder ces comportements et suggérait des réponses à apporter.
Dans d’autres colonies où je suis intervenu jamais je n’ai perçu cette dimension pédagogique, ce souci de prendre en compte tous les enfants dans leur vécu quotidien.
A Sermizelles, les activités extérieures étaient proposées par un groupe dont les moniteurs avaient aux yeux de Pahlou les compétences et l’expérience requise. Je n’ai pas souvenir que le groupe se constituait autour de l’activité. Je pense que cela devait freiner toute dérive élitiste. En tout cas dans notre groupe, jamais un colon n’a été sollicité pour participer à l’activité d’un autre groupe. Je veux bien qu’on me démente sur ce point car peut être que mes souvenirs se sont un peu émoussés depuis le temps. Mais peut être que ces pratiques ont existé au niveau des groupes ado.
Autre aspect qui m’a beaucoup marqué, il faut souhaiter que chaque groupe restitue à la collectivité la richesse de ses expériences sous la forme de communications ou d’exposition photos. Cela contribuait à créer une saine émulation dans la colonie.
Dans le même esprit je citerai les veillées « chorales » que nous n’aurions manqué sous aucun prétexte et qui participait à la cohésion du groupe. C’était l’occasion pour Pahlou de faire passer des messages et de procéder à des mises au point et cela dans une ambiance parfois ludique et théâtrale. Etre exclu de cette veillée était perçue par un colon comme une sanction suprême, heureusement Pahlou n’y avait pas souvent recours.
La grande originalité de Sermizelles était d’être ouvert vers l’extérieur Pahlou ne ratait pas une occasion d’ouvrir des portes pour enrichir les activités. Je me rappelle cet étudiant en architecture que Pahlou avait pris en stop et qui avait fait découvrir ultérieurement les charpentes de la basilique de Vézelay à un groupe d’adolescents. Egalement ses contacts avec Leroy-Gourhan sur ces recherches préhistoriques et archéologiques sur le site des grottes d’Arcy sur Cure. Tous ces contacts étaient riches en enseignements et contribuaient à une très grande ouverture d’esprit pour chacun des participants.
Je ne connais pas la formation de Pahlou, j’ai cru comprendre qu’elle fut universitaire, mais ce dont je suis convaincu c’est qu’il a partagé les mêmes objectifs que Freynet. Tout dans la vie quotidienne ouvrait à "enquête" et c’est en partant du vécu que les élèves appréhendaient le monde.
Une telle expérience qui nous a tant marqués n’a pu être menée à bien que grâce aux qualités pédagogiques de Pahlou et de l’encadrement qu’il avait su réunir. Pahlou pouvait compter sur un groupe relativement important de moniteurs "fidèles" qui revenaient parfois pendant plusieurs années, cela aussi était un gage de qualité pour l’action éducative.
J’ai connu Pahlou comme directeur de Sermizelles mais j’ai eu la chance d’être accueilli à plusieurs reprises dans sa famille à Mayenne. Je tiens à témoigner à Coq et à ses enfants tout le bien que ses visites m’ont prodigué. Chacun sait que Pahlou en Mayenne était professeur des écoles. Lors de ces rencontres, j’ai pu voir l’influence qu’il exerçait sur ces élèves, exactement comme celle …à Sermizelles et qui explique que nous nous retrouvions si nombreux après cinquante ans. Il animait un club de Canoë-kayak, or bon nombre de ses élèves n’en avait pas assez de l’avoir sur le dos pendant les jours de classe, ils en redemandaient le mercredi après-midi !
Pahlou développait autour de lui une telle aura, qu’il ne laissait personne indifférent. J’étais impressionné par l’étendue et la diversité de sa culture que ce soit en littérature, en philosophie, en musique, en sciences sociales. C’était un véritable plaisir d’échanger avec lui.
(à suivre : dernier épisode la semaine prochaine)
Amitiés à Tous
Fait à Montélimar le 10 mars 2010
Gaby BENOIT
L'auteur attend des réactions et des commentaires (on lui fera parvenir).
Ceux qui souhaitent disposer du texte complet, peuvent en faire la demande à Roger, sinon la suite au prochain numéro, ...
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